Histoire globale : intérêts et inconvénients

« L‘histoire est un moyen d‘organiser le passé pour l‘empêcher de trop peser sur les épaules des hommes » disait l'historien Lucien Febvre. Il existe bien des approches pour faire de l'histoire, par le choix d'une période (antique, médiévale, moderne,  contemporaine), d'une aire géographique (histoire de France), ou encore d'un domaine d'étude (histoire politique, économique,  sociale, culturelle...). L'histoire globale, elle, entend se démarquer par une  approche historiographique différente. Ce qui va être privilégié tend vers l'étude et la compréhension des phénomènes politiques, économiques, culturels, ou scientifiques, de  leurs divergences et de leurs convergences à l'échelle du monde entier. 

Genèse, méthodes et critique de l'histoire globale

L'histoire globale a émergé aux Etats-Unis dans les 1990, soit dans un contexte caractérisé par la multiplication des interactions au sein d'un monde de plus en plus globalisé, que ce soit en matière d'économie, de culture, d'écologie ou même de guerre.

Ce courant historiographique s'ouvre sur les continents et régions jusque-là négligés par une historiographie longtemps centrée sur l'occident. Il s'agit d'aborder l’histoire mondiale, englobant le passé commun de l’humanité. De son apparition, il y a plusieurs millions d’années, jusqu'à la globalisation contemporaine ; tout cela, en usant d'une méthode d’analyse transdisciplinaire, basée sur le long terme et sur une longue distance. L'accent est mis sur les interactions (commerce, art, guerre, migration, religion…) entre diverses civilisations. Pour résumer, l'ambition de l’histoire globale est de connecter les différentes histoires nationales, et de mettre en perspective leurs relations, autant à l’échelle des individus que des empires.

L’histoire globale se place dans une continuité de la recherche historiographique car elle emprunte à l’histoire comparée développée par Marc Bloch. L’idée est de faire des parallèles entre des sociétés distinctes, et entre des lieux et des époques éloignés.

Il est parfois reproché à ce concept un aspect trop globalisant qui rend difficile la mise en place de repères structurants. L'effet le plus perceptible est la remise en cause, partielle, des découpages historiques classiques. Les notions de Moyen-Age ou d'Epoque moderne – qui sont rien que pour l'Occident, déjà variables – ne trouvent pas de grandes signification pour l'Inde, la Chine ou l'Océanie.

Enfin, l’histoire globale implique l’idée que les échanges, les influences entre sociétés et cultures, ne se font pas seulement à sens unique, mais souvent à double sens entre des circulations culturelles, et des circulations de savoirs, qui s’établissent entre espaces dominés et espaces dominants. En définitive,  c'est à la fois une rupture  avec l'histoire traditionnelle généralement fixée sur un territoire ou un thème. L'histoire globale est bien aussi le produit intellectuel de notre époque où l'Etat-Nation perd de son sens et de sa substance face à une mondialisation croissante. 

Sources : 

Claude Gauvard (dir.), Jean-Francois Sirinelli (dir.), Dictionnaire de l'historien, PUF, 2015.

Histoire Globale | Le blog

Le dictionnaire de l'Histoire - Histoire globale - Herodote.net

HISTOIRE GLOBALE - Encyclopædia Universalis